Un vice-président en charge du numérique dans chaque grande université.
Des cours en ligne plutôt que des cours dispensés dans des amphis bondés.
Les universités françaises vont-elles
emboîter le pas à leurs homologues américaines ou britanniques en se lançant
dans la diffusion massive de cours en ligne ? Le rapporteur du comité de
pilotage des Assises de l'enseignement supérieur et de la recherche, Vincent
Berger, réclamait fin novembre une « initiative nationale de
l'enseignement en ligne » pour offrir des contenus pédagogiques
multimédias en ligne. L'offre de contenus pourrait s'appuyer « sur les
universités pour la délivrance de diplômes ou de certificats, à l'instar des
"MOOCs" (Massive Open Online Courses) qui se développent rapidement
dans certains pays », affirmait-il dans son rapport.
« La loi sur l'enseignement
supérieur et la recherche ira au-delà de cette proposition », a confié hier
aux « Échos » la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève
Fioraso. Chaque grande université disposera, dans son conseil d'administration,
d'un vice-président en charge du numérique et d'un centre de ressources
numériques. « Il faut rattraper notre retard », justifie la
ministre en indiquant que 25 % des étudiants en MBA dans le monde
acquièrent leur diplôme sans jamais mettre les pieds à l'université. « Tous
les cours magistraux qui sont dispensés dans des amphithéâtres bondés, dans de
mauvaises conditions, tels les cours de médecine de première année, peuvent
être remplacés par des cours en ligne », assure-t-elle. En suggérant
par exemple que les étudiants suivent les cours magistraux chez eux, le cours
devenant alors un lieu de discussion et d'échange.
« Les cours en ligne doivent
être compensés par un meilleur suivi personnalisé des étudiants afin d'éviter
par exemple que certains étudiants en médecine ne se dirigent vers des prépas
privées pour trouver l'encadrement dont ils ont besoin, ce qui
accentue la discrimination sociale », poursuit Geneviève Fioraso.
Le Royaume-Uni et son « open university » lancée en 1969, avec
450 modules pédagogiques et un système d'e-tuteur qui accompagne les
étudiants, fait partie selon elle « des bonnes pratiques à
regarder ». Seule université à distance du pays, c'est aussi la plus
grande, avec plus de 250.000 étudiants en 2011.
Pas de budget spécifique
« L'enjeu est considérable, juge sur son
blog l'ancien président de l'université Paris-XIII, Jean-François Méla. Les
cours en ligne qui ont explosé l'an dernier aux États-Unis pourraient donner le
signal d'une révolution de l'enseignement supérieur dans son ensemble. »
Reste toutefois à voir quelle sera
l'envergure du plan France université numérique, dont les détails seront connus
en février. Pour l'heure, aucun budget spécifique n'est prévu. « On
verra s'il faut des moyens supplémentaires », indique Geneviève
Fioraso, qui considère que le numérique « n'est pas excessivement
coûteux ». « Il y aura peut-être des redéploiements à faire, précise-t-elle,
mais il faut d'abord mettre à contribution les bonnes personnes au bon
endroit, car les compétences existent dans les universités. » On sera
en tout cas bien loin des 60 millions de dollars que le MIT et Harvard ont
mis sur la table en mai pour créer la désormais célèbre plate-forme gratuite de
cours à distance, edX.
Marie-Christine Corbier, Les Echos
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