jeudi 3 octobre 2013

UnivCloud : l’université numérique 2.0 a franchi la première étape


Source : silicon.fr

UnivCloud : l’université numérique 2.0 a franchi la première étape



Le projet de cloud universitaire collaboratif des Établissements de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de la Région Île de France, issu du programme des Investissements d’avenir, a développé son démonstrateur.







C’est sous les ors de la Sorbonne – l’une de nos plus anciennes universités, tout un symbole ! – que les partenaires du consortium, 
  • et Cofely Ineo, filiale de GDF Suez, et son PDG Guy Lacroix
que le projet UnivCloud a annoncé le développement de son démonstrateur.


Cloud universitaire sur architecture unifiée



Basé sur des équipements Cisco UCS, avec du stockage EMC et une couche de virtualisation VMware, conjointe avec une couche de gestion du cloud OpenStack, UnivCloud se veut la première plateforme de cloud collaboratif destinée aux universités de la région parisienne. Un modèle ouvert, qui se veut également réplicable.


L’objectif de cette première étape, réussie, était de démontrer la faisabilité d’un cloud inter-inversitaire, dans un partenariat réunissant 26 des 36 établissements universitaires membres de l’UNPIdF – également acteurs de la recherche sur un territoire qui représente 40% de la recherche en France – et des entreprises privées emmenées par Cofely Ineo, acteur de premier plan du génie électrique et des communications.


UnivCloud a ainsi également embarqué trois start-up françaises du domaine des IT, Activeeon pour l’orchestration du cloud en mode open source, Cedexis pour l’optimisation du trafic IP, et UP’Generation pour la personnalisation et l’optimisation des services.


Durant 21 mois, dont 5 mois de tests, une cinquantaine d’ateliers ont permis de construire et d’expérimenter le démonstrateur. Fonctionnel, il a été déployé sur deux sites, afin de préfigurer la plateforme finale, qui sera déployée sur les sites de Paris Descartes et d’Evry. Quatre volets principaux ont été étudiés : l’optimisation de l’infrastructure, le provisionnement des ressources (UnivCloud sera multi-établissements), la migration des applications, et les scénarios d’usages.


Un projet universitaire ambitieux



UnivCloud s’adressera aux universités membres du projet (une partie sera également plus largement ouverte, un volet Open Data serait même envisagé), à leurs 600 000 étudiants, aux enseignants et aux chercheurs. Un portail ‘utilisateurs’ de services leur permettra d’y accéder. Tandis qu’un portail ‘exploitant’ sera réservé à l’exploitation du cloud.


Tous les types de services seront supportés. IaaS (Infrastructure as à Service) pour le provisioning de serveurs virtuels. Il sera par exemple possible d’y déployer SIFAC, le système de gestion des universités basé sur SAP. PaaS (Plateform as à Service) pour y faire migrer les applications existantes. Ou encore SaaS (Software as à Service) pour consommer du logiciel à la demande.





Présentation du projet UnivCloud à la Sorbonne, la plus vieille université parisienne.


Un retour également très politique



Les orateurs se sont succédés à la tribune de la Grande Salle de la Sorbonne. A la pauvreté du discours technologique – qui n’était certes pas l’objet de la manifestation, très… diplomatique – ils ont substitué un discours autrement plus politique. Qui parfois frôlait le règlement de compte entre ‘amis’ de bords différents. C’est un peu dommage tant le projet est stratégique !




Simone Bonnafous : mettre l’innovation au coeur de l’université.


Nous retiendrons le discours de Simone Bonnafous, directrice générale de l’enseignement supérieur et de la recherche (DGESIP) du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche : « L’université numérique régionale est un programme francilien, qui met fin à la concurrence [des universités] au profit du collectif. Nous ferons travailler la jeunesse avec les outils de leur génération. Nous apportons notre contribution à l’innovation, avec un enseignement supérieur qui sait innover pédagogiquement et transformer l’image ringarde de l’université. Nous plaçons nos étudiants en situation d’activité et d’innovation. Nous rendons nos étudiants plus audacieux. C’est une véritable révolution pédagogique. Nous les invitons à étudier ici et à ne plus aller ailleurs. »


Quant à Guy Lacroix, PDG de Cofely Ineo, il a souligné l’intérêt pour son entreprise d’un « projet à l’intelligence collective. Nous travaillons sur un projet, avec un seul investissement, le projet. Il nous a permis de rejeter l’objection du risque de cannibalisation par le privé des savoirs universitaires. En se tournant vers les entreprises, l’université nous apportera plus de solutions pour pouvoir traverser les crises. »


Source : Le Mag IT 

UnivCloud : le Cloud privé interuniversitaire prêt pour les déploiements

Cyrille Chausson Publié: 02 oct. 2013


UnivCloud, le projet de Cloud Computing privé et communautaire à destination des établissements universitaires de la Région Ile-de-France, est officiellement sorti de ses phases de tests. Plaçant ainsi le cloud ainsi que ses caractéristiques de mutualisation d’infrastructure et d’applications, au coeur du monde de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en France.


Piloté par l’Université Numérique Paris Ile-de-France (UNPIdF) et par Cofely Ineo (Groupe GDF SUEZ), le projet de cloud inter-universitaire UnivCloud fait parti des 5 projets retenus dans le cadre du programme «investissements d’avenir : développement de l’économie numérique» dédié au Cloud Computing. UnivCloud associe pour la première fois dans un projet de recherche collaboratif le monde universitaire à celui du monde industriel (Cofely Ineo) et des start-ups. Cedexis (Optimisation des performances, Load Balancing, ...), Up Generation (personnalisation des services client) et Activeeon (calcul distribué parallèle et Cloud en mode Open Source) ont notamment participé aux phases d’expérimentation. Quelque 14 universités membres de l'UNPIdF ont également participé aux phases d’étude et à l’analyse des besoins.


Les travaux, démarrés en novembre 2011, ont permis de créer un pilote ainsi qu’un prototype d’infrastructure et de services, dont les phases de test ont débuté il y 5 mois. Une plate-forme de test opérationnelle, et dotée de toutes les fonctions prévues, mais à l’échelle réduite, a été déployée auprès de deux établissements, Paris Descartes et Evry Val d'Essonne. «La plate-forme dispose aujourd'hui de toutes les fonctionnalités d'un cloud communautaire et est parfaitement opérationnelle», ont rappelé Philippe Boutry, Président de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, établissement porteur du projet Université Numérique Paris Ile-de-France (UNPIdF), et Guy Lacroix, Président-Directeur Général de Cofely Ineo, marquant ainsi officiellement la fin des phases expérimentales. Début 2014, débuteront ainsi les déploiements opérationnels. A terme, ce cloud inter-universitaire vise potentiellement 600 000 utilisateurs, des enseignants et chercheurs (27 000) aux étudiants (500 000), en passant par le personnel administratif et les équipes de la DSI (23 000). 37 établissements sont concernés.


60 salles informatiques et 3000 serveurs physiques mutualisés


Ce Cloud communautaire, dont l’intégration applicative est assurée par Cofely Ineo, a pour  vocation  de proposer une infrastructure IT mutualisée et de mettre à disposition un catalogue de services personnalisés et d’applications à l’ensemble des établissements.
 

Infrastructure, ressources informatiques et services seront ainsi facturés à la consommation, comme le prévoit le traditionnel modèle «à l’usage» du Cloud. UnivCloud devrait ainsi mutualiser plus de 60 salles machines et plus de 3 000 serveurs physiques, comme l’indique un descriptif du projet (PDF) publié en mai 2013. Parmi les objectifs visés, outre la réduction des coûts évidente, le consortium en charge du projet prévoit notamment «une amélioration des services numériques», une «réduction de l’empreinte carbone» et «une amélioration de la qualité de services aux usagers»


Dans le détail, UnivCloud proposera les trois couches du Cloud, Iaas, Paas et Saas qui répondront ainsi aux besoins de l’ensemble du public visé. Ainsi côté Iaas, «l’infrastructure permet l’installation de tout type de logiciel métier et le déplacement de tout type de serveur dans le cloud afin de réduire les coûts», indique un document publié sur SlideShare. Ce cloud Iaas permettra notamment d’installer «le système de gestion financière et comptable des universités (SIFAC), fonctionnant sur une souche SAP ». Selon le schéma architectural de l’expérimentation, l’infrastructure repose sur des services VMware et OpenStack, le tout connecté à au réseau RENATER, qui assurera notamment des services de fédération d’identités. Cisco et EMC y ont également apporté leurs technologies.
 

La couche Paas permettra par exemple aux utilisateurs de «pousser leurs applications dans le Cloud» ou «de développer de nouvelles applications avec les outils des fournisseurs». «Dans cette partie sont envisagées plusieurs applications, de la messagerie à la Web conférence», indique le consortium dans sa présentation du projet.


Quelles applications seront accessibles via UnivCloud ? Selon le site du projet, les enseignants-chercheurs ainsi que les étudiants auront accès 
  • à une plate-forme d’enseignement, 
  • à des espaces individuels ou collaboratifs, 
  • à des outils de visioconférences et à des classes virtuelles en présentiel, 
  • à des fonctions de messagerie instantanée 
  • et un accès à des bases documentaires. 
Des applicatifs liés à la gestion des salles ainsi qu’à la sauvegarde des données, notamment contenues dans les portables, seront également mis à disposition.
 

Pour le personnel administratif, les ERP seront également portés sur l’infrastructure de Cloud. Des outils liés à l’archivage légal ainsi qu’un coffre-fort individualisé seront également déployés. Des fonctions de facturation à l’usage, de pilotage et l’allocation de ressources sont aussi déployées notamment pour la DSI.
 

Enfin, UnivCloud proposera également des services publics, comme 
  • la mise en ligne de résultats de recherche 
  • ou encore des cours en ligne.

mercredi 2 octobre 2013

Le cours "Maquette numérique et interopérabilité dans le bâtiment" en libre accès sur le site UNIT

J'ai accompagné les porteurs de ce projet (membres de Mediaconstruct - Building Smart France, en particulier l'infatigable Roland Billon) depuis leur toute première adhésion dès la création d'UNIT (voir ci-dessous les articles de ce blog qui ponctuent le parcours) : je suis donc heureux d'annoncer ici la publication du cours complet "Maquette numérique et interopérabilité dans le bâtiment" dans la base des cours UNIT

"La maquette numérique facilite l'interaction des  acteurs favorisant un renouvellement des  modes de conception des bâtiments et de  l’aménagement des espaces urbains"
 

Accéder à la ressource


Précédemment sur ce blog :

lundi 2 août 2010 -  Les vidéos du CIUEN 2010 (dont celles de mes deux présentations) sont en ligne
  
mardi 6 avril 2010 -
Appel à projet UNIT 2010 : focus sur la Construction (BTP)

jeudi 28 janvier 2010

Quelle maquette pédagogique pour enseigner la "maquette numérique" du bâtiment durable ?

mercredi 6 mai 2009 -
e-écoles d'architecture : l'heure de rendre le projet eXpert

mardi 31 mars 2009

Convergence e-Construction - UNIT - Union pour la Méditerranée - Francophonie - Scenari

mardi 6 novembre 2007 -
Constructique : les BET collaboratifs, en e-formation grâce à UNIT et à Scenari

 

Les cours en ligne débarquent dans les universités françaises




Lancement de France Université Numérique



Ce mercredi 2 octobre, Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a lancé le plan numérique pour l’enseignement supérieur, France Université Numérique, en présence de Fleur Pellerin, ministre délégué aux P.M.E., à l’innovation et à l’économie numérique et Yamina Benguigui, ministre délégué à la Francophonie.

Lors de cette conférence, Geneviève Fioraso  a présenté l’agenda numérique pour l’enseignement supérieur pour les cinq années à venir : 18 actions, un projet emblématique pour la formation, France Université Numérique et le lancement de la première plateforme française de cours en ligne ou MOOCs.

Le Gouvernement a adopté le 28 février 2013 une feuille de route ambitieuse sur le numérique. La priorité fixée par le Président de la République concerne la jeunesse, l’école et l’université.

L’objectif du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (M.E.S.R.) est de mettre le numérique au cœur de son projet. La loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche a donné une impulsion décisive, en inscrivant le numérique comme levier d’une université en mouvement, avec un double objectif : l’élévation du niveau de connaissances et de qualification en formation initiale et continue et la réussite des étudiants. La loi a aussi prévu la désignation d’un vice-président en charge du numérique dans chaque regroupement.

S’appuyant sur ce cadre, le M.E.S.R. a donc défini un agenda numérique pour l’enseignement supérieur, autour de 3 axes majeurs de transformation :
  • le premier axe consiste à utiliser le numérique pour faciliter toutes les étapes du parcours de réussite de l’étudiant : orientation, formation initiale, insertion professionnelle et formation continue
  •  le second axe, consiste à faire du numérique un levier de la rénovation pédagogique. L’enjeu sera de former les équipes pédagogiques et de les accompagner pour que le numérique soit un allié des enseignants, au service de pratiques pédagogiques innovantes, adaptées aux jeunes générations et permettant un enseignement plus personnalisé, alternatif aux cours en amphis
  • le troisième axe vise à faire du numérique un signe de modernité pour une attractivité renforcée de l’Université, dans le monde, où le marché mondial de l’e-éducation est en plein développement, et plus particulièrement dans les pays francophones
Pour relever ces défis et accélérer la révolution numérique dans l’enseignement supérieur, le M.E.S.R. s’engage dans :
  • la création d’une fondation de coopération scientifique pour coordonner les formations et accompagner les établissements, en partenariat avec les entreprises, dans la production de formations numériques de haut niveau
  • la mise en place de la première plateforme française d’enseignement supérieur en ligne mutualisée, hébergeant, diffusant et valorisant, en France et à l’international, les MOOCs (cours en ligne et services associés) réalisés par les établissements de l’enseignement supérieur
Le calendrier :
  • rentrée universitaire de janvier 2014 : début des cours en ligne
Pour accompagner cette révolution numérique, des moyens spécifiques ont été mobilisés :
  • 10 % des dotations de postes attribuées par le M.E.S.R. aux établissements d’enseignement supérieur, soit 500 emplois sur le quinquennat
  • 12 millions d’euros,  dégagés sur l’actuel programme d’investissements d’avenir, mobilisables par vagues successives, dans une logique d’appels à projets pour amorcer la création de cours et de cursus numériques de haute qualité
  • convention M.E.S.R./Caisse des dépôts et consignations sur les campus d’@venir avec un volet dédié au développement du numérique
Comme l’a souligné la ministre "la révolution numérique est en marche. Elle est à la fois une chance et un défi pour une Université en mouvement. Une chance, celle de repenser l’élaboration et la transmission des savoirs, de manière interactive, en mettant les étudiants d’aujourd’hui et de demain au cœur du projet pédagogique de l’enseignement supérieur. Un défi, celui de construire une université performante, innovante, moderne et ouverte sur le monde."





La ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, a présenté, ce mercredi, son plan de développement en faveur du numérique dans l’enseignement supérieur, doté de douze millions d’euros. Une vingtaine de Mooc, des cours gratuits en ligne, seront proposés dès le mois d’octobre.


Les Moocs pourraient devenir un enjeu pour l’enseignement supérieur. - AFP
Les Moocs pourraient devenir un enjeu pour l’enseignement supérieur. - AFP

La ministre de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso a annoncé, ce mercredi, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) le démarrage en janvier 2014 de « la première plateforme nationale de Moocs » (massive open online courses), des cours d’université gratuits en ligne s’adressant à un large public.

Déjà adoptés par la plupart des universités américaines , les universités françaises tentent de combler leur retard dans la diffusion massive de cours en ligne. Face à l’essor de plateformes comme Cousera et edX outre-Atlantique, ou FutureLearn récemment lancé au Royaume-Uni, il fallait « une initiative à l’échelle nationale pour soutenir les universités dans ce nouveau défi », plaide le ministère.

Les internautes pourront donc s’incrire à partir du 28 octobre sur www.france-universite-numerique-mooc.fr, pour suivre des cours de diverses disciplines comme les mathématiques, l’histoire, la philosophie, la biologie, le management, le droit... conçus par une dizaine d’établissements comme HEC, l’Ecole Polytechnique, l’Ecole centrale Paris, l’Institut mines telecom, le Cnam ou les universités Bordeaux 3, Montpellier 2, Sorbonne Paris Cité et Paris X Nanterre. Une vingtaine seront d’abord présentés, puis une soixantaine.
Certains Moocs, « qui combinent à la fois vidéos, évaluation, tutorats, corrections par des pairs, interaction en ligne avec des enseignants, peuvent rassembler jusqu’à 160.000 étudiants partout dans le monde », souligne le ministère.

18 mesures

Cette plateforme fait partie du projet France Université Numérique (FUN) que la ministre a présenté mercredi. Outre les Moocs, il s’agit de mettre à contribution le numérique pour l’orientation et l’insertion professionnelle des étudiants, leur formation initiale, mais aussi la formation continue des salariés et des demandeurs d’emploi, de renover les pratiques pédagogiques et de renforcer l’attractivité de l’université française à l’international, notamment dans les pays francophones.

Ces objectifs se déclinent en 18 mesures dans un « agenda stratégique », comme la création d’une fondation France université numérique au premier semestre 2014, accompagner les enseignants pour qu’ils puissent intégrer le numérique à leurs pédagogies, impulser la recherche sur le numérique, des plateformes de recherche de stages ou l’animation de réseaux d’anciens...

Côté moyens, parmi les 5.000 créations de postes promises sur le quinquennat au supérieur, 500 iront au numérique. Dans le cadre des investissements d’avenir, 12 millions d’euros sont consacrés au développement de formations numériques innovantes.

Les Mooc mal connus en France

Selon un sondage OpinionWay commandé par le ministère, les Moocs, très en vogue aux Etats-Unis et émergents en France, sont encore mal connus dans l’Hexagone. Seuls 5% des étudiants et 18% des enseignants français disent savoir exactement ce qu’est un Mooc, tandis que 20% des étudiants et 23% des enseignants en ont entendu parler sans savoir précisément ce que c’était. Parmi les étudiants qui connaissent les Moocs, 19% en ont déjà suivi un, entièrement ou pas (19% des profs également).

Parmi les avantages des Moocs, ils citent la possibilité de suivre les cours au lieu et au moment de son choix, notamment pour ceux qui travaillent, des révisions facilitées ou l’accès pour les étudiants handicapés. 

A LIRE AUSSI :
Source : AFP





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3 octobre 2013


L'université française passe de l'amphi aux cours en ligne

La France se lance avec retard dans la bataille de l'e-éducation, avec un plan ambitieux présenté mercredi 2 octobre par la ministre de l'enseignement supérieur, Geneviève Fioraso Les universités vont disparaître dans leur forme actuelle " comme les abbayes au temps de Gutenberg ", préditl'expert auprès de la Commission européenne Gilles Babinet

C'était une première. L'an dernier, une trentaine d'élèves ingénieurs de l'école Centrale Nantes et de Télécom Bretagne assistent à un cours sur l'acquisition des connaissances sur le Web. Un petit groupe. En réalité, ils sont beaucoup plus. Le cours est accessible aux internautes du monde entier : 1 300 étudiants, de Madagascar au Canada en passant par la Martinique, suivent l'exposé grâce à Internet.

A l'heure des tablettes et des smartphones, les universités françaises se lancent dans une nouvelle forme d'enseignement qui devrait révolutionner l'accès à la connaissance.

Nés aux Etats-Unis, les cours en ligne ouverts et massifs (" MOOC " en anglais ou " CLOM " en français) débarquent en France. Il s'agit de cours dispensés gratuitement sur Internet par les meilleurs établissements et mis à la disposition de toute personne qui veut apprendre à travers le monde. Aujourd'hui, n'importe quel étudiant peut s'inscrire à l'un des nombreux MOOC de Harvard, Stanford ou du MIT. Demain, ce sera de Polytechnique, de la Sorbonne... Geneviève Fioraso, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, devait lancer, mercredi 2 octobre, France université numérique (FUN).

Un acronyme à consonance anglo-saxonne pour un enjeu national. FUN proposera une plateforme, déployée par l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), censée permettre le développement de nouveaux services numériques pour les étudiants. En clair, le déploiement à grande échelle des MOOC dès janvier 2014.

Les études le prédisent : les cinq prochaines années verront exploser le marché mondial de l'e-éducation. L'enjeu est énorme : il s'agit non seulement de révolutionner la transmission des savoirs, mais aussi d'éviter qu'elle ne soit aux mains de quelques entités. L'objectif de ce plan université numérique : faire en sorte que chaque étudiant ait accès à des cours en ligne d'ici cinq ans et pouvoir obtenir à terme une certification et, pourquoi pas, un diplôme. C'est aussi l'un des enjeux de l'enseignement à distance.

Il était temps que la France s'y mette. Alors qu'aux Etats-Unis 80 % des établissements disposent de cours en ligne, ils sont moins de 3 % en France. Outre-Atlantique, deux plateformes, Coursera et EdX, fondées respectivement par deux professeurs d'informatique de Stanford et par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard, ont investi 43 millions et 60 millions de dollars dans le développement des outils et des contenus. Aujourd'hui, plus de trois millions d'étudiants peuvent suivre les cours des plus prestigieuses universités : Stanford, Harvard, MIT...

En Europe, le Royaume-Uni et l'Espagne ont créé des universités totalement virtuelles. Là-bas, des étudiants sortent déjà diplômés. Dans les prochains jours, le Royaume-Uni doit par ailleurs lancer sa plateforme FutureLearn. L'Allemagne en fera autant avec Iversity.

En France, l'initiative du ministère de l'enseignement supérieur est une première. Jusqu'ici, s'il existait un réseau pour relier universités et laboratoires de recherche (Renater, créé en 1993), rien n'avait été pensé sur les contenus [??? Le Monde dit n'importe quoi - NDLR]. Chacun était libre de développer ce qu'il souhaitait dans son coin.

" Évidemment, le numérique ne se planifie pas d'en haut, veut rassurer Mme Fioraso. Il faut laisser de la place aux initiatives, mais il faut quand même que l'on ait une vision de ce qu'est l'université numérique en France. " En clair : FUN aidera à définir ce que peuvent être des cours et des validations en ligne, à les mettre en place, à mieux faire connaître les bonnes pratiques des établissements... " L'idée, c'est vraiment d'encourager les initiatives et qu'elles soient reliées sur la même plateforme ", explique la ministre. Sans pour autant imposer quoi que ce soit aux universités, autonomie oblige. Pas de " Gosplan ", mais une équipe vouée au service des universités.

Depuis quelques mois, un nouveau MOOC est lancé presque chaque jour. Une soixantaine ont été identifiés et vingt d'entre eux sont d'ores et déjà disponibles. Une dizaine d'établissements, des écoles - Centrale, Mines Télécom, Polytechnique -, mais aussi des universités - Bordeaux-III, Montpellier-II, Paris-X, Paris-II - développent des cours dans de nombreuses matières : histoire, mathématiques, santé, philosophie, droit...

Du maître à l'éclaireur

Au total, ce plan se décline en dix-huit actions, les MOOC devant servir à la fois à faciliter la mise en place d'aide à l'orientation des lycéens et des étudiants et à la réussite en premier cycle grâce à une pédagogie différente. L'enjeu ? Que les cours en amphi, s'ils ne disparaîtront pas complètement, soient de moins en moins nombreux.

Le professeur, quant à lui, devra passer d'une posture de maître, debout sur l'estrade et régnant sur le savoir, à celle d'un éclaireur aux côtés des étudiants. Accompagnement plus personnalisé, cours interactifs, tutorat en ligne... Dans le cadre de la mise en place des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE), les nouveaux professeurs devraient être formés " au " et " par " le numérique. L'une des dix-huit actions consistera d'ailleurs à reconnaître et valoriser, dans l'évolution de carrière des enseignants-chercheurs, leur investissement pour intégrer le numérique dans leurs pratiques pédagogiques. Un bouleversement énorme, sachant qu'aujourd'hui la carrière d'un enseignant-chercheur est davantage influencée par ses activités de recherche que par la reconnaissance de son activité d'enseignement.

Pour que cette modernisation soit bien ancrée dans les esprits, la loi " Fioraso ", promulguée en juillet, prévoit la nomination d'un vice-président chargé des questions et des ressources numériques dans les communautés d'université. Avec FUN, le ministère espère évidemment éviter que les universités et les écoles soient dépendantes des plateformes américaines. FUN disposera d'un fonds de financement spécial à travers une fondation - 12 millions d'euros, par vagues successives, seront alloués. Si rien n'est imposé, il faudra néanmoins que chaque projet proposé soit créatif. Il s'agit d'aller au-delà du professeur qui parle derrière son micro...
 
Au-delà des étudiants, c'est toute la formation professionnelle qui est visée. Sur les 32 milliards d'euros, les universités ne récupèrent que 4 %. Enfin, le ministère vise évidemment tous les pays francophones. Là encore, l'enjeu est gigantesque. En sciences et en technologies, par exemple, les élites africaines envoient aujourd'hui leurs enfants dans des universités anglo-saxonnes.

Nathalie Brafman
  


Cédric Villani, médaillé Fields, lance son MOOC pour tous


En 2014, des élèves et des étudiants de première et deuxième années de licence auront comme professeur Cédric Villani. Le spécialiste de l'analyse mathématique, médaillé Fields en 2010, a décidé de produire deux MOOC : le premier s'adressera à un public varié, avec un programme élémentaire (lycée inclus) ; le second, plus spécialisé, devrait être réalisé avec le mathématicien sénégalais Diaraf Seck. L'idée étant de toucher tous les pays francophones. " Les MOOC ont un énorme impact potentiel en termes d'audience, de problèmes de compatibilité d'emploi du temps ou de manque de disponibilité des enseignants, explique M. Villani. Il est naturel d'en prévoir dans toutes les disciplines. "

 


QUESTIONS à Gilles Babinet, responsable numérique pour la France à la Commission européenne




" Comme les abbayes au temps de Gutenberg, les universités dans leur forme actuelle vont disparaître "

Chaque jour ou presque, un nouveau MOOC est créé en France. Avons-nous donc enfin pris conscience de cette révolution ?

Oui, mais tard par rapport au reste du monde. En un an, environ 5 millions d'étudiants dans le monde ont suivi plus de 350 cours en ligne gratuits d'universités prestigieuses, essentiellement américaines. Or, quand je vais à l'étranger, je constate qu'on en parle beaucoup plus qu'ici. Au Québec, par exemple, les grandes universités s'y sont lancées à fond. Les MOOC constituent un levier majeur de la démocratisation du savoir. Et la France n'a pas encore perçu cette révolution à sa juste mesure.

Pourquoi ?

D'une façon générale, on a du mal avec les initiatives qui remettent en cause les principes de verticalisation hiérarchique. Et ces systèmes, qui reposent davantage sur l'aspect cellulaire de la transmission du savoir que sur l'aspect doctoral, académique et professoral de l'éducation sont mal perçus.

Comment faut-il penser cette révolution ?

Il faut repenser la place de l'université dans le savoir, créer un cadre réglementaire et poser des questions fondamentales comme : quelle est la propriété intellectuelle des MOOC ? Faut-il avoir son bac pour accéder à un MOOC ? Comment diplômer les étudiants ? Aux Etats-Unis, c'est le débat du moment. Sebastian Thrun, fondateur d'Udacity - la plate-forme de Stanford - qui a lancé un MOOC intelligence artificielle, estime que les 22 000 personnes qui sont allées au bout de son cours avaient le même niveau que ses 180 étudiants en présentiel.

Le ministère de l'enseignement supérieur lance un grand plan université numérique. A-t-il fait les bons choix ?

Il y a lieu de s'inquiéter de voir qu'une solution intégrée, développée verticalement avec le support de l'Institut national de recherche en informatique, a été retenue ! Même aux Etats-Unis, aucune université n'a pris le risque de se lancer seule dans cette aventure. Toutes se sont associées avec des start-up, spécialisées dans l'ingénierie pédagogique. Ce n'est pas Stanford qui a inventé les MOOC. Et la plus grande plateforme n'est pas celle de Harvard mais de la start-up Coursera. Les universités françaises courent le risque de perdre leur attractivité auprès des étudiants.

Que préconisez-vous ?

Il faut un vrai débat. Il se passe pour les universités la même chose qu'avec les abbayes avant Gutenberg. Elles étaient le lieu du savoir, elles ont été balayées de la carte. Les universités dans leur forme actuelle vont disparaître. Il y a urgence à repenser le lieu du savoir. Et s'il faudra faire en sorte de garder un lieu où les étudiants pourront se retrouver, je ne suis pas sûr du tout qu'il y aura toujours un professeur et des élèves ensemble dans un même lieu.

Le plus dangereux, dans les MOOC, n'est-ce pas la tentation de l'impérialisme américain ?

Après le contrôle des territoires et de l'économie, l'impérialisme va passer par le contrôle de la connaissance. Les Américains l'ont compris, et mieux que les autres. Il y a environ 300 millions de francophones, c'est une chance. Les MOOC sont sans aucun doute un formidable creuset que nous aurions tort d'ignorer.

Propos recueillis par N. Bn.

© Le Monde