mercredi 2 octobre 2013

Les cours en ligne débarquent dans les universités françaises




Lancement de France Université Numérique



Ce mercredi 2 octobre, Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a lancé le plan numérique pour l’enseignement supérieur, France Université Numérique, en présence de Fleur Pellerin, ministre délégué aux P.M.E., à l’innovation et à l’économie numérique et Yamina Benguigui, ministre délégué à la Francophonie.

Lors de cette conférence, Geneviève Fioraso  a présenté l’agenda numérique pour l’enseignement supérieur pour les cinq années à venir : 18 actions, un projet emblématique pour la formation, France Université Numérique et le lancement de la première plateforme française de cours en ligne ou MOOCs.

Le Gouvernement a adopté le 28 février 2013 une feuille de route ambitieuse sur le numérique. La priorité fixée par le Président de la République concerne la jeunesse, l’école et l’université.

L’objectif du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (M.E.S.R.) est de mettre le numérique au cœur de son projet. La loi du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche a donné une impulsion décisive, en inscrivant le numérique comme levier d’une université en mouvement, avec un double objectif : l’élévation du niveau de connaissances et de qualification en formation initiale et continue et la réussite des étudiants. La loi a aussi prévu la désignation d’un vice-président en charge du numérique dans chaque regroupement.

S’appuyant sur ce cadre, le M.E.S.R. a donc défini un agenda numérique pour l’enseignement supérieur, autour de 3 axes majeurs de transformation :
  • le premier axe consiste à utiliser le numérique pour faciliter toutes les étapes du parcours de réussite de l’étudiant : orientation, formation initiale, insertion professionnelle et formation continue
  •  le second axe, consiste à faire du numérique un levier de la rénovation pédagogique. L’enjeu sera de former les équipes pédagogiques et de les accompagner pour que le numérique soit un allié des enseignants, au service de pratiques pédagogiques innovantes, adaptées aux jeunes générations et permettant un enseignement plus personnalisé, alternatif aux cours en amphis
  • le troisième axe vise à faire du numérique un signe de modernité pour une attractivité renforcée de l’Université, dans le monde, où le marché mondial de l’e-éducation est en plein développement, et plus particulièrement dans les pays francophones
Pour relever ces défis et accélérer la révolution numérique dans l’enseignement supérieur, le M.E.S.R. s’engage dans :
  • la création d’une fondation de coopération scientifique pour coordonner les formations et accompagner les établissements, en partenariat avec les entreprises, dans la production de formations numériques de haut niveau
  • la mise en place de la première plateforme française d’enseignement supérieur en ligne mutualisée, hébergeant, diffusant et valorisant, en France et à l’international, les MOOCs (cours en ligne et services associés) réalisés par les établissements de l’enseignement supérieur
Le calendrier :
  • rentrée universitaire de janvier 2014 : début des cours en ligne
Pour accompagner cette révolution numérique, des moyens spécifiques ont été mobilisés :
  • 10 % des dotations de postes attribuées par le M.E.S.R. aux établissements d’enseignement supérieur, soit 500 emplois sur le quinquennat
  • 12 millions d’euros,  dégagés sur l’actuel programme d’investissements d’avenir, mobilisables par vagues successives, dans une logique d’appels à projets pour amorcer la création de cours et de cursus numériques de haute qualité
  • convention M.E.S.R./Caisse des dépôts et consignations sur les campus d’@venir avec un volet dédié au développement du numérique
Comme l’a souligné la ministre "la révolution numérique est en marche. Elle est à la fois une chance et un défi pour une Université en mouvement. Une chance, celle de repenser l’élaboration et la transmission des savoirs, de manière interactive, en mettant les étudiants d’aujourd’hui et de demain au cœur du projet pédagogique de l’enseignement supérieur. Un défi, celui de construire une université performante, innovante, moderne et ouverte sur le monde."





La ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, a présenté, ce mercredi, son plan de développement en faveur du numérique dans l’enseignement supérieur, doté de douze millions d’euros. Une vingtaine de Mooc, des cours gratuits en ligne, seront proposés dès le mois d’octobre.


Les Moocs pourraient devenir un enjeu pour l’enseignement supérieur. - AFP
Les Moocs pourraient devenir un enjeu pour l’enseignement supérieur. - AFP

La ministre de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso a annoncé, ce mercredi, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) le démarrage en janvier 2014 de « la première plateforme nationale de Moocs » (massive open online courses), des cours d’université gratuits en ligne s’adressant à un large public.

Déjà adoptés par la plupart des universités américaines , les universités françaises tentent de combler leur retard dans la diffusion massive de cours en ligne. Face à l’essor de plateformes comme Cousera et edX outre-Atlantique, ou FutureLearn récemment lancé au Royaume-Uni, il fallait « une initiative à l’échelle nationale pour soutenir les universités dans ce nouveau défi », plaide le ministère.

Les internautes pourront donc s’incrire à partir du 28 octobre sur www.france-universite-numerique-mooc.fr, pour suivre des cours de diverses disciplines comme les mathématiques, l’histoire, la philosophie, la biologie, le management, le droit... conçus par une dizaine d’établissements comme HEC, l’Ecole Polytechnique, l’Ecole centrale Paris, l’Institut mines telecom, le Cnam ou les universités Bordeaux 3, Montpellier 2, Sorbonne Paris Cité et Paris X Nanterre. Une vingtaine seront d’abord présentés, puis une soixantaine.
Certains Moocs, « qui combinent à la fois vidéos, évaluation, tutorats, corrections par des pairs, interaction en ligne avec des enseignants, peuvent rassembler jusqu’à 160.000 étudiants partout dans le monde », souligne le ministère.

18 mesures

Cette plateforme fait partie du projet France Université Numérique (FUN) que la ministre a présenté mercredi. Outre les Moocs, il s’agit de mettre à contribution le numérique pour l’orientation et l’insertion professionnelle des étudiants, leur formation initiale, mais aussi la formation continue des salariés et des demandeurs d’emploi, de renover les pratiques pédagogiques et de renforcer l’attractivité de l’université française à l’international, notamment dans les pays francophones.

Ces objectifs se déclinent en 18 mesures dans un « agenda stratégique », comme la création d’une fondation France université numérique au premier semestre 2014, accompagner les enseignants pour qu’ils puissent intégrer le numérique à leurs pédagogies, impulser la recherche sur le numérique, des plateformes de recherche de stages ou l’animation de réseaux d’anciens...

Côté moyens, parmi les 5.000 créations de postes promises sur le quinquennat au supérieur, 500 iront au numérique. Dans le cadre des investissements d’avenir, 12 millions d’euros sont consacrés au développement de formations numériques innovantes.

Les Mooc mal connus en France

Selon un sondage OpinionWay commandé par le ministère, les Moocs, très en vogue aux Etats-Unis et émergents en France, sont encore mal connus dans l’Hexagone. Seuls 5% des étudiants et 18% des enseignants français disent savoir exactement ce qu’est un Mooc, tandis que 20% des étudiants et 23% des enseignants en ont entendu parler sans savoir précisément ce que c’était. Parmi les étudiants qui connaissent les Moocs, 19% en ont déjà suivi un, entièrement ou pas (19% des profs également).

Parmi les avantages des Moocs, ils citent la possibilité de suivre les cours au lieu et au moment de son choix, notamment pour ceux qui travaillent, des révisions facilitées ou l’accès pour les étudiants handicapés. 

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Source : AFP





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3 octobre 2013


L'université française passe de l'amphi aux cours en ligne

La France se lance avec retard dans la bataille de l'e-éducation, avec un plan ambitieux présenté mercredi 2 octobre par la ministre de l'enseignement supérieur, Geneviève Fioraso Les universités vont disparaître dans leur forme actuelle " comme les abbayes au temps de Gutenberg ", préditl'expert auprès de la Commission européenne Gilles Babinet

C'était une première. L'an dernier, une trentaine d'élèves ingénieurs de l'école Centrale Nantes et de Télécom Bretagne assistent à un cours sur l'acquisition des connaissances sur le Web. Un petit groupe. En réalité, ils sont beaucoup plus. Le cours est accessible aux internautes du monde entier : 1 300 étudiants, de Madagascar au Canada en passant par la Martinique, suivent l'exposé grâce à Internet.

A l'heure des tablettes et des smartphones, les universités françaises se lancent dans une nouvelle forme d'enseignement qui devrait révolutionner l'accès à la connaissance.

Nés aux Etats-Unis, les cours en ligne ouverts et massifs (" MOOC " en anglais ou " CLOM " en français) débarquent en France. Il s'agit de cours dispensés gratuitement sur Internet par les meilleurs établissements et mis à la disposition de toute personne qui veut apprendre à travers le monde. Aujourd'hui, n'importe quel étudiant peut s'inscrire à l'un des nombreux MOOC de Harvard, Stanford ou du MIT. Demain, ce sera de Polytechnique, de la Sorbonne... Geneviève Fioraso, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, devait lancer, mercredi 2 octobre, France université numérique (FUN).

Un acronyme à consonance anglo-saxonne pour un enjeu national. FUN proposera une plateforme, déployée par l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), censée permettre le développement de nouveaux services numériques pour les étudiants. En clair, le déploiement à grande échelle des MOOC dès janvier 2014.

Les études le prédisent : les cinq prochaines années verront exploser le marché mondial de l'e-éducation. L'enjeu est énorme : il s'agit non seulement de révolutionner la transmission des savoirs, mais aussi d'éviter qu'elle ne soit aux mains de quelques entités. L'objectif de ce plan université numérique : faire en sorte que chaque étudiant ait accès à des cours en ligne d'ici cinq ans et pouvoir obtenir à terme une certification et, pourquoi pas, un diplôme. C'est aussi l'un des enjeux de l'enseignement à distance.

Il était temps que la France s'y mette. Alors qu'aux Etats-Unis 80 % des établissements disposent de cours en ligne, ils sont moins de 3 % en France. Outre-Atlantique, deux plateformes, Coursera et EdX, fondées respectivement par deux professeurs d'informatique de Stanford et par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard, ont investi 43 millions et 60 millions de dollars dans le développement des outils et des contenus. Aujourd'hui, plus de trois millions d'étudiants peuvent suivre les cours des plus prestigieuses universités : Stanford, Harvard, MIT...

En Europe, le Royaume-Uni et l'Espagne ont créé des universités totalement virtuelles. Là-bas, des étudiants sortent déjà diplômés. Dans les prochains jours, le Royaume-Uni doit par ailleurs lancer sa plateforme FutureLearn. L'Allemagne en fera autant avec Iversity.

En France, l'initiative du ministère de l'enseignement supérieur est une première. Jusqu'ici, s'il existait un réseau pour relier universités et laboratoires de recherche (Renater, créé en 1993), rien n'avait été pensé sur les contenus [??? Le Monde dit n'importe quoi - NDLR]. Chacun était libre de développer ce qu'il souhaitait dans son coin.

" Évidemment, le numérique ne se planifie pas d'en haut, veut rassurer Mme Fioraso. Il faut laisser de la place aux initiatives, mais il faut quand même que l'on ait une vision de ce qu'est l'université numérique en France. " En clair : FUN aidera à définir ce que peuvent être des cours et des validations en ligne, à les mettre en place, à mieux faire connaître les bonnes pratiques des établissements... " L'idée, c'est vraiment d'encourager les initiatives et qu'elles soient reliées sur la même plateforme ", explique la ministre. Sans pour autant imposer quoi que ce soit aux universités, autonomie oblige. Pas de " Gosplan ", mais une équipe vouée au service des universités.

Depuis quelques mois, un nouveau MOOC est lancé presque chaque jour. Une soixantaine ont été identifiés et vingt d'entre eux sont d'ores et déjà disponibles. Une dizaine d'établissements, des écoles - Centrale, Mines Télécom, Polytechnique -, mais aussi des universités - Bordeaux-III, Montpellier-II, Paris-X, Paris-II - développent des cours dans de nombreuses matières : histoire, mathématiques, santé, philosophie, droit...

Du maître à l'éclaireur

Au total, ce plan se décline en dix-huit actions, les MOOC devant servir à la fois à faciliter la mise en place d'aide à l'orientation des lycéens et des étudiants et à la réussite en premier cycle grâce à une pédagogie différente. L'enjeu ? Que les cours en amphi, s'ils ne disparaîtront pas complètement, soient de moins en moins nombreux.

Le professeur, quant à lui, devra passer d'une posture de maître, debout sur l'estrade et régnant sur le savoir, à celle d'un éclaireur aux côtés des étudiants. Accompagnement plus personnalisé, cours interactifs, tutorat en ligne... Dans le cadre de la mise en place des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE), les nouveaux professeurs devraient être formés " au " et " par " le numérique. L'une des dix-huit actions consistera d'ailleurs à reconnaître et valoriser, dans l'évolution de carrière des enseignants-chercheurs, leur investissement pour intégrer le numérique dans leurs pratiques pédagogiques. Un bouleversement énorme, sachant qu'aujourd'hui la carrière d'un enseignant-chercheur est davantage influencée par ses activités de recherche que par la reconnaissance de son activité d'enseignement.

Pour que cette modernisation soit bien ancrée dans les esprits, la loi " Fioraso ", promulguée en juillet, prévoit la nomination d'un vice-président chargé des questions et des ressources numériques dans les communautés d'université. Avec FUN, le ministère espère évidemment éviter que les universités et les écoles soient dépendantes des plateformes américaines. FUN disposera d'un fonds de financement spécial à travers une fondation - 12 millions d'euros, par vagues successives, seront alloués. Si rien n'est imposé, il faudra néanmoins que chaque projet proposé soit créatif. Il s'agit d'aller au-delà du professeur qui parle derrière son micro...
 
Au-delà des étudiants, c'est toute la formation professionnelle qui est visée. Sur les 32 milliards d'euros, les universités ne récupèrent que 4 %. Enfin, le ministère vise évidemment tous les pays francophones. Là encore, l'enjeu est gigantesque. En sciences et en technologies, par exemple, les élites africaines envoient aujourd'hui leurs enfants dans des universités anglo-saxonnes.

Nathalie Brafman
  


Cédric Villani, médaillé Fields, lance son MOOC pour tous


En 2014, des élèves et des étudiants de première et deuxième années de licence auront comme professeur Cédric Villani. Le spécialiste de l'analyse mathématique, médaillé Fields en 2010, a décidé de produire deux MOOC : le premier s'adressera à un public varié, avec un programme élémentaire (lycée inclus) ; le second, plus spécialisé, devrait être réalisé avec le mathématicien sénégalais Diaraf Seck. L'idée étant de toucher tous les pays francophones. " Les MOOC ont un énorme impact potentiel en termes d'audience, de problèmes de compatibilité d'emploi du temps ou de manque de disponibilité des enseignants, explique M. Villani. Il est naturel d'en prévoir dans toutes les disciplines. "

 


QUESTIONS à Gilles Babinet, responsable numérique pour la France à la Commission européenne




" Comme les abbayes au temps de Gutenberg, les universités dans leur forme actuelle vont disparaître "

Chaque jour ou presque, un nouveau MOOC est créé en France. Avons-nous donc enfin pris conscience de cette révolution ?

Oui, mais tard par rapport au reste du monde. En un an, environ 5 millions d'étudiants dans le monde ont suivi plus de 350 cours en ligne gratuits d'universités prestigieuses, essentiellement américaines. Or, quand je vais à l'étranger, je constate qu'on en parle beaucoup plus qu'ici. Au Québec, par exemple, les grandes universités s'y sont lancées à fond. Les MOOC constituent un levier majeur de la démocratisation du savoir. Et la France n'a pas encore perçu cette révolution à sa juste mesure.

Pourquoi ?

D'une façon générale, on a du mal avec les initiatives qui remettent en cause les principes de verticalisation hiérarchique. Et ces systèmes, qui reposent davantage sur l'aspect cellulaire de la transmission du savoir que sur l'aspect doctoral, académique et professoral de l'éducation sont mal perçus.

Comment faut-il penser cette révolution ?

Il faut repenser la place de l'université dans le savoir, créer un cadre réglementaire et poser des questions fondamentales comme : quelle est la propriété intellectuelle des MOOC ? Faut-il avoir son bac pour accéder à un MOOC ? Comment diplômer les étudiants ? Aux Etats-Unis, c'est le débat du moment. Sebastian Thrun, fondateur d'Udacity - la plate-forme de Stanford - qui a lancé un MOOC intelligence artificielle, estime que les 22 000 personnes qui sont allées au bout de son cours avaient le même niveau que ses 180 étudiants en présentiel.

Le ministère de l'enseignement supérieur lance un grand plan université numérique. A-t-il fait les bons choix ?

Il y a lieu de s'inquiéter de voir qu'une solution intégrée, développée verticalement avec le support de l'Institut national de recherche en informatique, a été retenue ! Même aux Etats-Unis, aucune université n'a pris le risque de se lancer seule dans cette aventure. Toutes se sont associées avec des start-up, spécialisées dans l'ingénierie pédagogique. Ce n'est pas Stanford qui a inventé les MOOC. Et la plus grande plateforme n'est pas celle de Harvard mais de la start-up Coursera. Les universités françaises courent le risque de perdre leur attractivité auprès des étudiants.

Que préconisez-vous ?

Il faut un vrai débat. Il se passe pour les universités la même chose qu'avec les abbayes avant Gutenberg. Elles étaient le lieu du savoir, elles ont été balayées de la carte. Les universités dans leur forme actuelle vont disparaître. Il y a urgence à repenser le lieu du savoir. Et s'il faudra faire en sorte de garder un lieu où les étudiants pourront se retrouver, je ne suis pas sûr du tout qu'il y aura toujours un professeur et des élèves ensemble dans un même lieu.

Le plus dangereux, dans les MOOC, n'est-ce pas la tentation de l'impérialisme américain ?

Après le contrôle des territoires et de l'économie, l'impérialisme va passer par le contrôle de la connaissance. Les Américains l'ont compris, et mieux que les autres. Il y a environ 300 millions de francophones, c'est une chance. Les MOOC sont sans aucun doute un formidable creuset que nous aurions tort d'ignorer.

Propos recueillis par N. Bn.

© Le Monde

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